Le décodage de l'ADN a permis l'essor des tests génétiques et ces derniers deviennent accessibles au grand public via Internet. Ces tests permettent de confirmer le diagnostic de certaines affections, d'en dépister et même de prédire un risque de développer des maladies. Ils laissent aussi entrevoir des possibilités de thérapies géniques, de régénération cellulaire, de clonage.
Il est important que les acteurs du système de santé connaissent les applications de ces tests, les risques, bénéfices et les limites de ces dépistages génétiques, les lois qui les encadrent et les enjeux économiques qui en découlent.


Ce blog est créé dans le cadre du Diplôme Universitaire de Journalisme Médical de l'université Paris Descartes. Nous essayerons d'aborder les sujets sous forme d'articles journalistiques et attendons vos commentaires.


20 févr. 2008

L'ADN, notre carte génétique

L'ADN (acide désoxyribonucléique) est le support génétique de chaque être humain. Il est présent sous forme de chromosomes dans le noyau de nos cellules. Certaines séquences d'ADN, ou gènes, sont exprimées grâce au code génétique. Le résultat de cette expression est une protéine, spécifique de chaque gène.

Une structure en double hélice.
L'ADN a une structure particulière en double brin et en hélice. Il est constitué de quatre bases azotées : l'adénine, la thymine, la cytosine et la guanine. Chaque base est liée à un groupe phosphate et au désoxyribose pour former une structure chimique appelée nucléotide. On retrouve deux bases complémentaires sur chaque brin d'ADN. Elles sont liées entre elles par des liaisons hydrogènes. L'adénine est liée à thymine. La cytosine est liée à la guanine.

Homozygotes ou hétérozygotes ?
Un gène, ou séquence nucléotides, existe sous forme de deux allèles. Ainsi, un individu peut être homozygote ou hétérozygote pour un gène. L'ensemble des allèles constitue le génotype d'un individu. Le phénotype est l'expression visible du génotype.

Fabrication d'un messager.
La transcription est la copie de l'un des deux brins de l'ADN en ARN messager (acide ribonucléique). La structure chimique de l'ARN diffère de celle de l'ADN. Le sucre est le ribose. La base thymine est remplacée par l'uracile. Une suite de trois paires de bases sur l'ARNm est appelée codon.

Langage codé.
L'étape suivante est la traduction. Elle a lieu dans le cytoplasme. Le ribosome lit l'ARNm codon par codon. Il met en relation un codon de l'ARNm avec l'anti-codon d'un ARN de transfert portant l'acide aminé correspondant. Chaque acide aminé est ainsi lié à la protéine en cours de synthèse par une liaison peptidique.

Le code génétique est un système de correspondance entre les codons et les acides aminés. Il est dit redondant: le même acide aminé peut être codé par plusieurs codons différents. Cette redondance a un avantage. Une mutation génétique affectant une séquence d'ADN codante peut, de ce fait, n'avoir aucune incidence sur la protéine traduite. Trois stops codons, parmi les 64 existants, signent la fin de la traduction. Ils signent également la fin de ce premier rappel de génétique.



Nous vous recommandons sur ce sujet deux sites :
http://edumed.unige.ch/dnaftb/http://www.dnahelp.org/fr-index.html

19 févr. 2008

Le séquençage de l'ADN, un projet arrivé à terme.

La fin du séquençage de l'ADN a été annoncée en 2004 par le Consortium International. Mais l’identification des gênes se poursuit. Le séquençage de l'ADN utilise la méthode de Sanger. Cette méthode recompose la séquence de l'ADN en utilisant une enzyme qui synthétise un brin complémentaire.

Le Projet Génome Humain avait pour but de déterminer la séquence complète de nos vingt trois paires de chromosomes, soit 3 milliards de paires de bases. Ce projet a été entrepris en 1990 par 6 pays : l'Allemagne, la Chine, les Etats-Unis, la France, le Japon, et le Royaume-Uni.

La principale application de ce projet concerne l'identification des gênes humains et leur localisation. Le but est d'identifier les gênes impliqués dans les maladies génétiques, de comprendre les mécanismes moléculaires à l'origine de ces maladies et d’ouvrir la voie à de nouvelles possibilités de thérapies géniques et de diagnostic. L'alternance des régions codantes (exons) et des régions non-codantes (introns) est source de difficultés mais le travail se poursuit. Actuellement environs 1400 gênes sont identifiés.

Pour séquencer l'ADN, on utilise des molécules fluorescentes qui bloquent la synthèse d'un brin complémentaire à partir du brin initial dont on veut connaître la séquence. Une enzyme greffe les nucléotides complémentaires présents dans le milieu réactionnel. Les molécules fluorescentes donnent des fragments de tailles différentes. Les fragments sont séparés par électrophorèse. Cette opération est répétée pour chaque type de nucléotide, ce qui permet de lire la séquence de l'ADN directement sur le gel.

Séquence de l'ADN consultable sur Internet :
Séquençage de l'ADN :

18 févr. 2008

Vers une médecine prédictive ?

La nouveauté est la possibilité, par l'analyse des gènes, de définir la probabilité de développer certaines maladies. Allons-nous pratiquer une médecine prédictive ? Et ces prédictions seront-elles préventives ?

La médecine prédictive est le dépistage de la susceptibilité d’un sujet en bonne santé apparente de développer une maladie, avec certitude ou probabilité, selon le caractère génétique dominant, récessif ou pluri-factoriel de cette maladie.

On a répertorié à ce jour près de 4000 maladies mono géniques mais de nombreuses maladies sont multigéniques, voire multi-factorielles (la prédisposition génétique n’est alors qu’un facteur influençant la maladie). On teste actuellement 150 à 200 gènes de façon courante. Cela permet souvent un diagnostic, parfois l’identification de porteurs sains et de temps en temps le dépistage de maladies inéluctables avant les premiers symptômes.
Parmi ces milliers de maladies à composantes génétiques, on choisira de parler des plus connues, mais aussi des plus graves, des plus redoutées, de celles dont les dépistages génétiques sont proposés en accès libre sur la Toile. Pour d'autres, des traitements ou des thérapies géniques sont en vue.

  • Du stade embryonnaire à l'enfance, on surveille les gènes

Le diagnostic prénatal, avec notamment le dépistage de la trisomie 21, fut une des premières utilisation médicale des tests ADN. L 'amniocentèse répond actuellement en France aux indications suivantes : femme de plus de 38 ans au moment de la grossesse, dépistage maternel sérique anormal, anomalies échographiques suspectes, découverte d'une anomalie chromosomique lors d'une grossesse antérieure ou chez l'un des parents ou dans la fratrie.

Le diagnostic pré-implantatoire est plus sujet à discussions ; il permettrait d'écarter avant leur implantation des embryons porteurs de gênes non désirés : quels gênes écarter ? Il reste néanmoins utile pour le choix du sexe dans les pathologies liées aux chromosomes sexuels ou pour dépister une maladie héréditaire incurable, type chorée de Huntington.
Le caryotype est aussi utile lors des bilans de stérilité, lors des fausses couches spontanées à répétitions et chez les parents d'un enfant porteur d'une anomalie chromosomique.
http://www.med.univ-rennes1.fr/etud/pediatrie/diagnostic_prenatal.htm

A la naissance, le caryotype est indiqué lors des syndromes dysmorphiques, des retards psychomoteurs, des ambiguïtés sexuelles ou chez l'enfant mort-né, en l'absence d'autre étiologie. Lors de la croissance, on peut être amené à chercher un Turner (retard statural), un Klinefelter (hypogonadisme et déficit intellectuel), un syndrome de l'Xfragile.
  • Quand gènes et facteurs environnementaux se lient

Certaines maladies ne se développent que par l’association de gènes et de facteurs environnementaux.

L’asthme est une maladie multigénique, mais c’est l’interaction avec les facteurs environnementaux qui va déclencher les crises. Il en est de même pour le psoriasis. http://www.respir.com/doc/abonne/pathologie/asthme/AsthmeGenetique.asp et http://www.therapeutique-dermatologique.org/print.php?article_id=283&paragraphe_id=11329


L’intolérance au lactose est dans certains cas héréditaire, de transmission autosomique récessive ; son diagnostique reste avant tout clinique.

La maladie cœliaque est également une maladie à composante génétique certaine, mais nécessite l'ingestion de gluten pour se manifester. Son diagnostique est clinique ou ana-pathologique.
http://www.swiss-paediatrics.org/paediatrica/vol18/n1/pdf/19-21.pdf.
http://www-sante.ujf-grenoble.fr/SANTE/corpus/disciplines/hepgastro/pathtdbas/hp1/leconhp1.htm#.

  • Des gènes qui favorisent les maladies inflammatoires
Les fièvres récurrentes héréditaires sont des maladies autosomiques récessives liées à des mutations du gène MEFV sur le chromosome 16, mais d’autres gênes non identifiées ce jour pourraient également être en cause. Elles se manifestent par des fièvres récurrentes accompagnées d’inflammations des séreuses (péritoine, plèvre) et leur principale complication est l’amylose inflammatoire

La polyarthrite rhumatoïde est liée à un polymorphisme nucléotidique sur une région du chromosome 9 porteuse de deux gènes impliqués dans les mécanismes de l'inflammation chronique TRAF1 et C5, mais le typage HLA n’est pas utile au diagnostique.
Le gène CARD15/NOD2 intervient dans la maladie de Crohn
  • Et d'autres gènes protègent les porteurs d'un virus
Trois gènes fortement impliqués dans les mécanismes de résistance au virus HIV ont été identifiés récemment chez certains individus. http://www.unil.ch/webdav/site/presse/shared/communiques/2006-2007/CHAVI_Telenti.pdf

  • En cardiologie, la connaissance des facteurs génétiques pourrait servir la prévention

Parmi les prédispositions cardio-vasculaires génétiques, la plus connue est sans doute
la prédisposition aux risques thromboemboliques chez les porteurs du facteur V Leiden
. Ce facteur est présent chez 5% de la population à l'état hétérozygote, mais seulement 8% développeront une manifestation thromboembolique au cours de leur vie. Son dépistage fait l'objet de recommandations éditées par l'HAS en septembre 2006 et il faut noter que si ces tests sont de prescription courante dans les cabinets de généralistes, ils ne devraient être prescrits qu'après concertation entre cliniciens et hématologues, si possible dans des centres spécialisés.

La mutation MTHFR augmente le taux sérique d'homocystéine
, ce qui constitue un facteur de risque de maladie cardiovasculaire, cérebro-vasculaire ou vasculaire périphérique. On trouve 12% d'hétérozygotes pour cette mutation dans la population.

Les anomalies situées sur les chromosomes 1 et 9 prédisposeraient aux formes précoces d’infarctus du myocarde.

Enfin les cardiopathies hypertrophiques familiales, le syndrome du QT long congénital, et certaines cardiomyopathies dilatées sont d'origine génétique.
  • Ces gènes qui vous imposent un régime

Les facteurs génétiques interviennent pour 25 à 40% dans l'obésité, mais plus de 400 gènes semblent liés à l'obésité ! http://www-good.ibl.fr/.

Deux diabètes de type 2 mono géniques sont identifiés : le diabète mitochondrial MIDD, lié à la mutation 3243, représente 1 à 2% des diabètes de type 2 en France. Il survient précocement, en moyenne vers 38 ans, chez des patients souvent à IMC normal, et se complique rapidement d'atteinte rénale, rétinienne, de surdité, de dystrophie maculaire. II est mono génique et de transmission maternelle. Le diabète MODY, de transmission autosomique dominante, débute également précocement, vers 25 ans en moyenne ; une quinzaine de mutations génétiques est actuellement connue comme responsables de ce diabète. Les formes multigéniques de diabète sont également à l'étude, dans l'optique de dépister dès l'adolescence les personnes à risque et de développer des mesures hygieno-diététiques efficaces.

L'hémochromatose familiale
touche 0,5 % de la population. C'est une maladie plurigénétique héréditaire, dont la forme la plus fréquente est due à une mutation du gène HFE situé sur le chromosome 6, forme autosomique récessive ; 2 mutations C282Y et H63D ont été identifiées. Le diagnostic est établi par la mise en évidence de la mutation. Son dépistage est indiqué en cas d'augmentation du taux du fer sérique et doit répondre aux recommandations de l'HAS.www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/fiche_de_synth_350se_hfe-1_finale.pdf http://www.orpha.net/data/patho/Pub/fr/hemochromatose-FRfrPub92.pdf

  • Quand la transmission d'un patrimoine favorise les cancers

On estime aujourd'hui que des altérations génétiques sont à l'origine de 5 à 10 % des cancers.
Ainsi la polypose recto-colite familiale, responsable de 1% des cancers colo-rectaux, est liée à une altération du gène APC du bras long du chromosome 5 ; cette mutation induit la formation de multiples polypes intestinaux dont certains évoluent inéluctablement vers un cancer. Le dépistage de ce gène dans les familles à risque permet un traitement préventif, à savoir une coloscopie de dépistage tous les 6 mois dès l'adolescence, avec polypectomie voire colectomie préventive ; à corollaire, les adolescents non porteurs de la mutation n'ont pas à subir des coloscopies répétitives.
http://www.orpha.net/consor/cgi-bin/OC_Exp.php?Lng=FR&Expert=733

Certains cancers du sein sont liés aux gènes BRCA1 sur le chromosome 17 ou BRCA2 sur le chromosome 13. Le caractère précoce et le nombre important de personnes atteintes dans une famille permettent d'orienter les patients vers une consultation génétique. Ces cancers représentent 5% à 8% de la totalité des cancers du sein.
L'anomalie du gène BRCA1 prédisposerait également au cancer des ovaires ; faut-il chez ces porteuses préconiser une ovariectomie préventive après l'âge des grossesses ?


Le cancer de la prostate
aurait une prévalence plus importante dans certaines familles ; les mutations génétiques sont en cours de décryptage. http://www.revmed.ch/infos/article.php3?sid=2897

Les syndromes de néoplasies endocriniennes multiples : le type 1 se transmet sur le mode autosomique dominant. Il est dû à des mutations inactivant le gène suppresseur de tumeurs MEN1. Ce gène est situé sur le chromosome 11q13. Cela se traduit par la prolifération de tumeurs, surtout des glandes parathyroïdes, du pancréas endocrine et de l'antéhypophyse. Le type 2 est une maladie héréditaire rare et complexe caractérisée par la présence, chez un même patient, d'un cancer médullaire de la thyroïde (CMT), d'un phéochromocytome unilatéral ou bilatéral (PHEO) et d'une hyperplasie et/ou d'une néoplasie d'autres tissus endocrines. La prédisposition à NEM2 est due à des mutations germinales activatrices du proto-oncogène c-RET sur le chromosome 10q11.2. Ils doivent faire l’objet d’un suivi et d’éventuels gestes chirurgicaux préventifs.

Le retinoblastome est d'origine génétique (mutation du gène RB1).

La leucémie myéloïde chronique est confirmée par la présence du gène Philadelphie (3 ;13)(q35 ;q14). Ce gène est recherché chez les personnes atteintes de LMC car il constitue également un indice pronostique.
  • Vos gènes vous feront-ils perdre la tête ?
Les gènes interviennent dans certaines maladies dégénératives.
Le gène de l’APOE4 serait associé à près de 20 % des cas de maladie d’Alzheimer. Quelques formes monogéniques précoces et rares de la maladie sont associées à des mutations des gènes APP, PS1 et PS2 http://ist.inserm.fr/basisrapports/alzheimer.html

La Chorée de Huntington est une maladie dégénérative qui débute vers 40 ans ou plus tard et pour laquelle on n'a ni traitement préventif ni traitement curatif, mais pour laquelle on peut dépister une prédisposition génétique.
Certaines formes de dégénérescence maculaire , de myopathies monogéniques, certaines cécités ou surdités sont également d’origine génétique.

Et pour finir, on vous recommande
  1. un power point de l’institut Curie sur les prédispositions génétiques aux cancers
    http://www.curie.fr/upload/conferences/predispositions-genetiques-cancer.pdf
  2. un tableau récapitulant chromosomes et pathologies associées
    http://www.senat.fr/rap/o99-020/o99-0200.html
  3. et les plus mordus sont invités à aller sur le catalogue des gènes
    http://ecgene.net/genecanvas/infusions/genecanvas/Genes/GenesList.php

17 févr. 2008

Commandez votre analyse ADN sur Internet , à quelles fins ?

Les tests de prédisposition à diverses pathologies

La pratique d’un test est normalement la conséquence d’une démarche médicale et suit diverses étapes : information et consentement du patient, prélèvement, analyse et interprétation, consultation de conseil génétique. En France, les laboratoires autorisés à effectuer ces tests sont répertoriés par l’HAS.

Aujourd’hui, ces tests ADN sont accessibles à chacun d’entre-nous. En quelques clics, moyennant l’envoi d’un échantillon de salive et le numéro de votre carte bancaire, vous connaîtrez une partie de votre profil génétique … Cela vous sera t’il utile ?

23andMe vous propose la recherche de 19 prédispositions génétiques, moyennant 999 dollars. Vous saurez ainsi si vous êtes génétiquement programmés pour avoir du cérumen humide ou sec (…), le syndrome des jambes sans repos ou la perception du goût amer. Mais vous saurez également si vous avez une prédisposition au cancer du sein, de la prostate, du colon, à la maladie de Crohn, à l’infarctus du myocarde, aux maladies thromboemboliques, aux diabètes type 1 ou 2. On vous renseignera aussi sur vos performances musculaires, votre risque d’obésité ou d’intolérance au lactose, de flush cutané lors de l’ingestion d’alcool et votre possible résistance au virus HIV. Enfin, vous saurez si vous avez une prédisposition pour la sclérose en plaque, la dégénérescence maculaire ou la polyarthrite rhumatoïde. Vous aurez ensuite une rubrique vous proposant des comparaisons familiales ou ethniques et on vous laissera la possibilité de rester dans leur base de profils génétiques. Sur fond musical et voix rassurante (mais en anglais) vous aurez un aperçu de leur offre. https://www.23andme.com/ourservice/tour/.

deCODEme propose le dépistage de 20 prédispositions : la dégénérescence maculaire, la maladie d’Alzheimer, l’asthme, la fibrillation auriculaire, le cancer du sein, la maladie cœliaque, le cancer colorectal, la maladie de Crohn, le glaucome capsulaire, l’hémochromatose, l’intolérance au lactose, la sclérose en plaque, l’infarctus du myocarde, l’obésité, le cancer de la prostate, le psoriasis, le syndrome des jambes sans repos, la polyarthrite rhumatoïde, les diabètes type 1 et type 2, avec bien sur également des comparaisons génétiques familiales et ethniques, le tout pour 985 $. Si cette liste de maladies paraît plus intéressante, les informations fournies sur le site sont peut-être moins attrayantes pour le grand public mais plus précises pour les médecins. Les séquences testées sont précisées, et il apparaît que seules les formes tardives ou à faible prédiction des maladies sont testées. Ainsi, pour la maladie d'Alzheimer, seul le gène ApoE4 présent dans les formes tardives est recherché. Pour le cancer du sein, il est clairement indiqué que les variants BRCA1 et BRCA2, responsables des formes familiales, ne sont pas testés et l'internaute est renvoyé vers son médecin. Allez voir sur leur site, dans Demo User puis My Gene Profile, les rubriques "détails scientifiques" et "prévention et facteurs de risque" pour chaque pathologie. https://www.decodeme.com/index .
.
Myriad vous propose des tests de dépistage de prédisposition aux cancers du sein, de l’ovaire, colo-rectal et du mélanome, sur prescription médicale http://www.myriad.com/.

Sciona vous propose après analyse de 19 gènes (lesquels ?) et contre la somme de 229 $ un programme diététique ou un programme d’entraînement physique adapté à votre génotype http://www.mycellfdnafitness.com/products.aspx.

NicoTest propose un programme d’arrêt tabac après analyse de 2 gènes de sensibilité et de réceptivité des traitements antitabac, le tout pour 150£ http://www.nicotest.com/.

Genelex propose des tests génétiques de sensibilité aux médicaments et des conseils nutritionnels adaptés au profil génétique http://www.healthanddna.com/.

Le site du laboratoire canadien Pro-ADN http://www.proadn.com/fr/molecular vous propose, en langue française et uniquement sur prescription d’un médecin inscrit au conseil de l’ordre (canadien ?), le dépistage de l’hémochromatose, des facteurs de la coagulation, les tests de diagnostic de la leucémie myéloïde chronique et sans doute bientôt des tests de dépistage des prédispositions aux cancers du sein et de l’ovaire.

Et vous trouverez encore d’autres sites ; cette liste n’est ni définitive ni complète, et le contenu des sites est également souvent modifié… Seuls les prix n'ont pas variés ces deux derniers mois !

Mais connaître une prédisposition génétique à des maladies multifactorielles est d’interprétation difficile ; cela fait appel au concept de probabilité, difficile à expliquer aux patients. Il convient de rappeler le décret 2000-570 du 23 juin 2000 http://admi.net/jo/20000627/MESP0021647D.html :
Art. R. 145-15-5. - Chez un patient présentant un ou des symptômes d'une maladie génétique, la prescription d'un examen des caractéristiques génétiques ne peut avoir lieu que dans le cadre d'une consultation médicale individuelle. Lorsque l'examen doit être effectué sur un mineur, il ne peut être prescrit que si celui-ci peut personnellement en bénéficier dans sa prise en charge ou si des mesures préventives ou curatives peuvent être prises pour sa famille.
« Chez une personne asymptomatique mais présentant des antécédents familiaux, la prescription d'un examen des caractéristiques génétiques ne peut avoir lieu que dans le cadre d'une consultation médicale individuelle. Cette consultation doit être effectuée par un médecin oeuvrant au sein d'une équipe pluridisciplinaire rassemblant des compétences cliniques et génétiques. Cette équipe doit se doter d'un protocole type de prise en charge et être déclarée au ministre chargé de la santé selon des modalités fixées par arrêté du ministre chargé de la santé.
« Au cours de cette consultation, la personne doit être informée des caractéristiques de la maladie recherchée, des moyens de la détecter, des possibilités de prévention et de traitement. Les examens ne peuvent être prescrits chez un mineur que si ce dernier ou sa famille peuvent personnellement bénéficier de mesures préventives ou curatives immédiates. Le médecin consulté délivre une attestation certifiant qu'il a apporté à la personne concernée les informations définies ci-dessus et qu'il en a recueilli le consentement dans les conditions prévues à l'article R. 145-15-4. Cette attestation est remise au praticien agréé réalisant l'examen ; le double de celle-ci est versé au dossier médical de la personne concernée.
« Lorsque l'examen requiert d'étudier les caractéristiques génétiques d'un ou plusieurs membres de la famille, il appartient à la personne concernée, sur les conseils du médecin prescripteur, d'obtenir le consentement de chacun d'entre eux.

Le Conseil de l’Europe a organisé conjointement avec le Ministère français de la Santé et l’Agence française de biomédecine un Séminaire européen le 2 octobre 2007 à Paris sur les tests génétiques en accès libre http://www.coe.int/t/f/affaires_juridiques/coop%E9ration_juridique/bio%E9thique/news/presentations%20powerpoint%20seminaire/Synthese%20complete%20f.pdf

.
Le Comité Directeur pour la Bioéthique (CDBI) du Conseil de l'Europe a organisé un Séminaire sur les tests génétiques et les assurances, les 3 et 4 décembre 2007 à Strasbourg. Le Séminaire peut être visionné via le lien direct.
Le projet de Protocole sur les tests génétiques à des fins médicales, approuvé par le CDBI le 8 juin 2007 lors de sa 32ème réunion plénière, a été transmis au Comité des Ministres qui a demandé à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe de formuler un avis sur ce projet de Protocole.

Enfin le rapport du Sénat : "Génomique et informatique : l'impact sur les thérapies et sur l'industrie pharmaceutique", reste très intéressant bien que publié en 1999
http://www.senat.fr/rap/o99-020/o99-02015.html


Généalogie génétique

Dans les tests vendus sur Internet, on parle également des tests ethniques, ou de "généalogie génétique". Ces tests sont censés déterminer le pourcentage de nos gènes venant d'Asie, d'Europe, d'Afrique ou d'Amérique. Ils s'appuient sur le degré de variabilité existant entre les populations. Le but des demandeurs de ces tests est de connaître leur origine, ou de compléter leur arbre généalogique.
Ces tests se heurtent à deux problèmes. Le premier : leur fiabilité n'est pas établie. En effet, le nombre limité d'échantillons recueillis dans les banques de données utilisées pour comparer les résultats ADN ne permet pas une interprétation fiable des résultats. Le second : il existe un risque, avec ces tests, de raviver chez certains des thèses racistes, largement discréditées.

16 févr. 2008

Les espoirs de la phamacogénétique

En 2002, à l'hôpital Necker, le Pr. Alain Fischer et son équipe ont guéri plusieurs bébés bulles qui présentaient un déficit immunitaire héréditaire grâce au remplacement d'un gène déficient par un gène sain. Cette thérapie a néanmoins été suspendue car l'un des enfants a développé une leucémie.
En France, le laboratoire Genethon a publié la première carte du génome humain. Il a contribué à l'identification de nombreuses mutations génétiques et investit dans la thérapie génique. Un grand projet est le traitement de la dystrophie musculaire des ceintures par un vecteur viral portant la copie du gène déficient. Ce laboratoire, financé en grande partie par les dons du telethon, garde cependant la volonté de se consacrer aux maladies monogeniques rares.
Un autre espoir de thérapie génique est le traitement de l'infarctus du myocarde et de l'insuffisance cardiaque par transplantation de myoblastes autologues

Le groupe « France Biotech » travaille à la mise au point de médicaments pour la schizophrénie, l'asthme, les cancers.
La pharmacogénétique est également en plein essor. On envisage des tests génétiques afin de personnaliser les médicaments selon le profil génétique du patient. Des études sont actuellement en cours pour les traitements de la schizophrénie de la dépression, de l'asthme, de l'hypercholestérolémie, de l'HTA, des maladies cardio vasculaires, de la polyarthrite rhumatoïde, du cancer du sein.

Quelques définitions

La pharmacogénétique désigne les médicaments conçus en fonction de la constitution génétique.

La pharmacogénomique est la combinaison de la pharmacologie et de la génétique. Elle utilise les données du profil génétique de chaque patient afin d’optimiser les réponses aux médicaments.

La thérapie génique consiste à introduire dans nos cellules un gène par le biais d’un vecteur (souvent viral). À terme, il devrait être possible d’intégrer des gènes thérapeutiques dans un organe déficient, sans risque d’insertion aléatoire ni oncogène ou mutagène. C’est notamment une voie de recherche pour le traitement des myopathies.
http://www.transgene.fr/fr/page.php?fam=2&rub=3&iframe=research_and_technologies/iframe_genetherapy.htm

L’interférence ARN est l’inhibition de l’expression de gènes spécifiques.
http://www.nature.com/focus/rnai/animations/animation/ui_main.swf

Le clonage thérapeutique consiste en la production de cellules embryonnaires en remplaçant le noyau d’un ovule par celui d’une cellule somatique du patient, puis de réinjecter les cellules souches ainsi obtenues dans l’organe malade afin de le réparer.

Le clonage reproductif consiste à fabriquer la copie génétiquement identique d’un être vivant.

La re programmation génétique consiste à introduire des gènes dans une cellule adulte afin de la « reprogrammer » et de lui donner les mêmes capacités qu’une cellule souche embryonnaire (espoir pour les maladies dégénératives).


http://www.senat.fr/rap/r99-238-1/r99-238-1_mono.html

15 févr. 2008

Les juges, les affaires criminelles et l'ADN

L'ADN est le meilleur outil d'identification qui soit. Grâce à lui, la police judiciaire peut identifier un individu, rapidement et avec peu d'échantillons. Grâce à lui, l'identification d'un corps peut devenir possible, suite à une catastrophe naturelle, un attentat ou un accident.
Les tests de filiation sont également utilisés, en France, dans le cadre d'une procédure judiciaire.


Recherche de filiation

Les tests ADN sont utilisés dans les recherches de filiation. Le contexte général peut être une affirmation ou une contestation de paternité.
En France, la loi de bioéthique du 6 août 2004 indique très clairement que le recours à un test de paternité ne peut être envisagé que sur décision de justice.
Une commande de test de paternité via Internet peut entraîner une saisie par les douanes. Une commande est également passible d'un an d'emprisonnement et 15 000 € d'amende selon l'article 226-28 du Code Pénal. Dans d'autres pays francophones, comme la Suisse, la Belgique ou le Canada, ces tests sont autorisés.
Cas frappant dans ce domaine : on se souvient que l'exhumation du corps d'Yves Montand a permit de rejeter le lien de parenté entre Aurore Brossard et le chanteur.


Criminalistique

L'ADN permet l'identification des individus. Le long de notre génome, une base diffère toutes les 1000 bases. Sachant que notre génome comporte trois milliards de paires de bases, notre génome est différent de celui de notre voisin pour 3 millions de paires de bases.

La réalisation d'une empreinte génétique est effectuée en criminalistique, dans le cadre d'une affaire judiciaire ou criminelle. Sur la « scène du crime », la police judiciaire recherche des tissus biologiques. Cette phase est très critique, il faut prélever sous scellé tout ce qui peut l'être. Voici quelques exemples d'objets pouvant servir de pièces à conviction, et sur lesquels il est possible de prélever des cellules :

Afin d'éviter toute « contamination » de l'ADN à tester par le préleveur, la police judiciaire a un équipement spécifique : une combinaison, une coiffe, des gants et un masque.

L'identification de l'ADN se fait en laboratoire. Des protocoles rigoureux sont appliqués. L'analyse ADN présente un double avantage : celui de nécessiter de petits échantillons, et celui de rendre des résultats rapides, en 24 à 48 heures.

En 1998 est créé un fichier centralisé des empreintes génétiques : le Fichier National Automatisé des empreintes génétiques FNAEG. C'est suite à l'affaire Guy Georges (le tueur de l'Est Parisien) que la nécessité de centraliser les empreintes génétiques a été révélée. Le lien entre ses crimes n'avait, à l'époque, pas été mis en évidence, du fait de l'absence de fichier centralisé.


Catastrophe naturelle, attentat

On utilise les empreintes génétiques pour identifier un individu suite à une catastrophe naturelle, un accident, un attentat. Le prélèvement se fait directement sur le corps.




http://www.senat.fr/noticerap/2000/r3121-1-notice.html

http://www.planetegene.com

11 févr. 2008

Le droit et l’éthique seront-ils à la hauteur des enjeux engendrés ?

Cellules souches, clonage, tests ADN... : la génétique a donné à l'Homme de nouveaux pouvoirs.
Décryptage, création, modification de notre matériel génétique : l'Homme serait-il devenu un semi-Dieu ?
Afin d'éviter des dérives (utilisations politiques par exemple des tests ADN), notamment lorsque l'on sort des applications purement médicales, il est impératif que des organismes soient consultés.

Les organismes autour de l'ADN

Un nouveau concept est né : celui de la BIOETHIQUE.
Les progrès dans le domaine de la génétique ont doté les êtres humains d'un nouveau pouvoir. Les interrogations concernant les implications sociales, culturelles, légales et morales de ces progrès ont mené à des discussions, à des lois, afin d'encadrer toutes les applications résultant de nos connaissances sur l'ADN.
La participation de l'UNESCO dans le domaine de la bioéthique reflète les dimensions internationales du sujet. Le programme de bioéthique de l'unesco a été créé en 1993. Le premier grand succès du programme de bioéthique date de 1997, lors de l'adoption de la déclaration universelle sur le génôme humain et les droits de l'homme. La déclaration internationale sur les données génétiques humaines, elle, date de 2003.
Au niveau de la France, le Comité Consultatif National d'Ethique (CCNE) donne des avis et des rapports sur les questions dont il est saisi. Sa liberté et son indépendance donnent à ses recommandations une réelle légitimité. Toutes les missions du CCNE sont inscrites dans la loi de bioéthique du 6 Août 2004, qui lui confère le statut d'autorité indépendante.
Aux Etats-Unis, la Chambre des Représentants (U.S. House of Representatives) a voté en avril 2007 une loi contre la dicrimination liée à l'information génétique : The Genetic Information Nondiscrimination Act a pour but de restreindre la capacité des assureurs et des employeurs à collecter des données génétiques.
L'utilisation des tests ADN sur Internet soulève le problème de la divulgation des données génétiques. Les compagnies d'assurance pourraient utiliser les données génétiques d'une personne dans un but discriminatoire.

Liens :
UNESCO
Comité Consultatif National d'Ethique
Loi n° 2004-800 du 6 août 2004 relative à la bioéthique
The National Human Genome Research Institute
La comission européenne


Le très controversé amendement Mariani

La loi sur l'immigration du 20 Novembre 2007 a introduit le recours aux tests ADN dans le cadre du regroupement familial. La procédure établie par la loi est issu de l'amendement Mariani. Elle permet aux demandeurs de visa de faire la preuve de leur filiation biologique au moyen d'un test génétique. Le projet de loi Hortefeux a subi une vive opposition lors de son passage devant le Sénat. Le texte de loi a été profondémment modifié, notamment en ce qui concerne les tests ADN. Les tests ADN ont été dans un premier temps rejetés en commission. Ils ont finalement été adoptés. Expérimentaux pendant dix-huit mois, ils sont réservés à l'établissement d'une filiation maternelle, ceci afin d'éviter à un père d'apprendre par ce biais qu'il n'est pas le père biologique. L'article 63, initialement dévolu à l'instauration de statistiques éthniques a été déclaré anticonstitutionnel par le conseil constitutionnel. Il a disparu de la version publiée de la loi.
Liens :
LOI n° 2007-1631 du 20 novembre 2007 relative à la maîtrise de l'immigration, à l'intégration et à l'asile
Amendement Mariani



Les gênes brevetés ?


La déclaration universelle sur le génome humain adoptée en 1997 par l'U.N.E.S.C.O. notifie
« le génome humain en son état naturel ne peut donner lieu à des gains pécuniaires ».
Le Parlement Européen, dans ses dispositions sur le génome humain publié en 1998 différencie 2 domaines :
- le non brevetable « le corps humain, aux différents stades de sa constitution et de son développement, ainsi que la simple découverte d'un de ses éléments, y compris la séquence ou la séquence partielle d'un gène, ne peuvent constituer des inventions brevetables »
- le brevetable «un élément isolé du corps humain ou autrement produit par un procédé technique, y compris la séquence ou la séquence partielle d'un gène, peut constituer une invention brevetable, même si la séquence de cet élément est identique à celle d'un élément naturel.»
Au niveau international, la loi détourne l'éthique au profit des brevets.
En 2006, on évalue à 20 % le nombre de gênes brevetées. C'est un frein financier pour la recherche [ainsi par exemple, la société américaine Myriad Genetics est la seule propriétaire des deux gènes BRCA 1 et BRCA 2 de prédisposition au cancer du sein].
En France, la commercialisation de tout produit d'origine humaine reste interdite.

A consulter :
La Déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l'homme http://portal.unesco.org/fr/ev.php-URL_ID=13177&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html
Le rapport sur la brevetabilité du vivant, assemblée nationale 2001 http://www.assemblee-nationale.fr/rap-oecst/i3502.asp
La directive 98/44/CE du Parlement européen et du Conseil du 6 juillet 1998 relative à la protection juridique des inventions biotechnologiques http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=CELEX:31998L0044:FR:HTML

17 janv. 2008

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